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Festival de Venise : Boltanski dévoile son casino
Lundi, 6 juin 2011
Pendant cinq mois, l’exposition internationale d’Art de Venise dévoilera près de 90 pavillons et proposera 37 événements artistiques couvrant différents thèmes. Le peintre, sculpteur et photographe Christian Boltanski a été choisi pour représenter la France et impose ses idées sur le hasard, la chance et la malchance dans sa nouvelle œuvre très glauque, Chance, qui épouse un décor particulièrement glauque sous fond de jeux de casinos.
Christian Boltanski exploite le thème du hasard

« C’est le hasard si je me retrouve à Venise. Une vraie loterie, cette histoire de Pavillon pour la Biennale. Nombre d’artistes majeurs n’ont jamais eu cette chance. Morellet, par exemple, pourtant l’un des meilleurs peintres français », Christian Boltanski est conscient de l’enjeu de cette 54ème édition du Festival d’Art Vénitien et ressent une émotion particulière à l’idée de dévoiler son nouveau chef d’œuvre, Chance, une toile contemporaine assez sombre décomposée dans les quatre chambres qui constituent, jusqu’à la fin de l’événement, le pavillon français.
Au centre du pavillon, la plus vaste pièce est chargée d’échelles, d’échafaudages métalliques oppressants et de barres de fer visant à faire tourner rotativement, à l’instar des rouleaux d’une machines à sous, de longs rubans portant les visages de nourrissons. Circulant indéfiniment au plafond d’une architecture surréaliste et lourde, ces jeunes êtres sont tous décédés dans l’heure qui suit. Les tambours d’une minuterie lancent le signal et indiquent alors aux spectateurs de placer leurs jeux, le ruban perd de la vitesse et finit par se figer : un flash photographique vient aveugler nos rétines et on dirait bien que l’un des visages innocents vient faire guise de jackpot.
Les jeux de casino en faveur d’une critique politique

Boltanski joue clairement sur une double-nuance : la mort et la vie. Et il utilise les jeux de casino pour exprimer l’injustice qu’ils impliquent. Certains peuvent avoir de la chance, d’autres ne peuvent pas avoir le destin dans leur poche. Quelle que soit la finalité, l’injustice demeure.
En construisant un vaste casino à l’effigie de personnes -enfants et adultes- morts par injustice, Boltanski dénonce les crimes politiques commis par les régimes autoritaristes du passé. Parallèlement, il dénonce le manque d’authenticité et de vérité qu’ont les nouvelles sociétés. Les jeux de casino sont des divertissements d’argent, qui ont longtemps relevés du « bling bling » et l’artiste utilise volontairement l’ironie pour opposer la dureté de la vie et les facilités individuelles de certains.
Toutefois, Boltanski n’a certainement rien contre les jeux de casino, puisqu’il se sert de leurs caractéristiques pour démontrer que vie –ou mort, est tout simplement une question de chance ou de malchance.